Principales urgences iatrogènes médicamenteuses Les effets indésirables médicamenteux responsables d'une urgence restent une éventualité rare qui nenécessite pas toujours une hospitalisation. Les tableaux cliniques rencontrés ne posent pas de problèmediagnostique, mais leur caractère habituellement peu spécifique fait que dans certains cas une originemédicamenteuse n'est pas immédiatement évoquée, exposant ainsi à une récidive, parfois plus grave, encas de réintroduction du médicament. L'ambition n'est pas de traiter dans cet article l'ensemble des effetsindésirables pouvant nécessiter une intervention en urgence. Il a donc été nécessaire d'effectuer des choix,guidés par l'objectif de limiter le sujet aux effets indésirables des médicaments pouvant nécessiter la miseen route de mesures thérapeutiques rapides, intervenant notamment dès la prise en chargepréhospitalière du patient.
2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.Mots clés : Effet indésirable ; Médicament ; Iatrogénie ; Traitement
d'apparition de l'événement indésirable par rapport à la prisemédicamenteuse qui doit attirer l'attention et amener, quandc'est possible, à une enquête minutieuse sur les prises médica-
¶ Généralités
menteuses du patient, notamment les plus récentes. La régres-
¶ Urgences hémorragiques iatrogènes
sion spontanée de l'événement à l'arrêt du ou des médicaments,
rarement constatée dans la cadre de l'urgence en raison de la
nécessité fréquente d'un traitement correcteur, peut confirmer
l'origine médicamenteuse, tout comme la réapparition des
¶ Urgences iatrogènes cardiovasculaires
symptômes au moment de la réintroduction accidentelle du
¶ Urgences allergiques
■ Urgences hémorragiques iatrogènes
¶ Urgences respiratoires
¶ Urgences métaboliques iatrogènes Anticoagulants
¶ Urgences neuropsychiatriques
Crises épileptiques et états de mal épileptiques
Les médicaments anticoagulants peuvent induire des syndro-
mes hémorragiques variés soulignant la nécessité d'une sur-
veillance stricte et régulière des paramètres de la coagulation.
Les accidents hémorragiques des anticoagulants, potentielle-ment graves et/ou mortels, sont particulièrement impliqués
¶ Conclusion
dans le coût de l'iatrogénie médicamenteuse en France
Héparines Généralités
L'héparine non fractionnée, habituellement bien tolérée à
Les enquêtes menées en France par les centres régionaux de
dose préventive, a un risque hémorragique global de 9 % quand
pharmacovigilance ont montré que 3 % des admissions dans les
elle est utilisée à dose curative, avec un pic de fréquence des
hôpitaux publics étaient en rapport avec un effet indésirable
complications hémorragiques survenant au troisième jour après
médicamenteux, permettant d'estimer à 130 000/an le nombre
la mise en route du traitement. Les complications hémorragi-
de patients concernés On sait par ailleurs que le risque de
ques mortelles surviennent avec une incidence de 1 pour 1 000
survenue d'un effet indésirable médicamenteux est de 5 %
traitements Les manifestations hémorragiques les plus
lorsque le malade prend au moins cinq médicaments et de 40 %
fréquentes sont le méléna, les hématomes, les hématuries
lorsque le nombre de médicaments dépasse 15
macroscopiques. Les plus graves sont les hémorragies cérébrales
En pratique, en dehors de la connaissance des effets indési-
et rétropéritonéales. Les hémorragies cérébrales, principalement
rables que peut entraîner un médicament, c'est la chronologie
à craindre chez le sujet hypertendu et/ou âgé, ont un pronostic
25-030-H-10 ¶ Principales urgences iatrogènes médicamenteuses
particulièrement péjoratif. Les hémorragies rétropéritonéales
Tableau 1.
peuvent être responsables d'un tableau de choc hypovolémi-
Classification des antiarythmiques selon Vaughan Williams.
que Les héparines de bas poids moléculaire, vraisemblable-
Ia : sels de quinidine, hydroquinidine, disopyramide ;
ment en raison de leur action ciblée sur le facteur Xa,
exposeraient, à doses curatives, à un risque hémorragiquemoindre que les héparines non fractionnées
Ic : cibenzoline, flécaïnide, propafénone, aprindine
Classe II Antivitamines K (AVK) Classe III
Les accidents hémorragiques des AVK, préférentiellement
Classe IV
rencontrés lors de la phase d'équilibration du traitement,peuvent parfois survenir tardivement lors d'utilisations prolon-gées d'AVK. En présence d'une anticoagulation orale par AVK, lerisque hémorragique est parallèle au degré d'anticoagulation
Bradycardies
estimé par l'international normalized ratio (INR). Ce risque, faible
Dysfonction sinusale
pour un INR compris entre 1,5 et 3, se situe entre 5 et 10 pour1 000 jours de traitement pour un INR compris entre 3 et 5, et
De nombreux médicaments peuvent être à l'origine, seuls ou
devient supérieur à 50 lorsque l'INR excède 5 Le risque
en association, d'une bradycardie sinusale symptomatique ou
hémorragique lié à une anticoagulation orale est favorisé par
d'une dysfonction sinusale. Les produits concernés sont princi-
l'âge, le sexe féminin, l'existence d'une insuffisance rénale et la
palement des cardiotropes, représentés par les digitaliques, les
stabilité de l'INR, mais ne semble pas influencé par la durée de
bêtabloqueurs, certains antagonistes du calcium (vérapamil,
l'anticoagulation La possibilité d'une interaction médica-
diltiazem, bépridil), la clonidine, la méthyldopa, l'amiodarone.
menteuse ayant pu majorer les effets d'un AVK doit par ailleurs
Plus rarement, la responsabilité de substances non cardiotropes
être systématiquement envisagée en face d'une complication
est envisagée : antihistaminiques H ou fluoxétine. Souvent, le
hémorragique. Sont particulièrement à redouter les interactions
seul arrêt du ou des médicaments impliqués est suffisant pour
liées à un déplacement des AVK de leur site de fixation aux
corriger l'anomalie. Néanmoins, un entraînement électrosysto-
protéines plasmatiques, décrites principalement avec la phényl-
lique définitif peut s'avérer nécessaire dans le cas où la prise
butazone, l'aspirine à fortes doses et le miconazole.
médicamenteuse a révélé une dysfonction sinusale latente. Bloc auriculoventriculaire Autres anticoagulants
Les mêmes substances cardiotropes, capables d'induire une
Les complications hémorragiques associées à ces nouveaux
bradycardie sinusale ou une dysfonction sinusale, peuvent
anticoagulants (danaparoïde et hirudines) ne semblent pas
entraîner un bloc auriculoventriculaire de siège nodal (suprahis-
quantitativement et qualitativement différentes de celles
sien), lui aussi souvent spontanément régressif au seul arrêt du
rencontrées avec les héparines de bas poids moléculaire
traitement médicamenteux. D'autres produits, tels les anti-arythmiques de classe Ia et Ic la carbamazépine, les
Antiagrégants plaquettaires
antidépresseurs imipraminiques (à fortes doses) peuvent par
Le risque hémorragique des antiagrégants plaquettaires est
ailleurs entraîner un trouble de conduction infranodal et dans
moins bien connu mais réel, notamment si une intervention
certains cas un bloc auriculoventriculaire (intra- ou infrahis-
chirurgicale urgente, ne permettant pas d'arrêter l'antiagré-
sien), témoignant le plus souvent de troubles de conduction
gant dans les jours qui précèdent, s'avère nécessaire. Les
organiques préexistants, révélés cliniquement par la prise
modifications prolongées de l'agrégation plaquettaire entraî-
médicamenteuse, et qui nécessitent fréquemment la mise en
nées par la ticlopidine (et possiblement le clopidogrel)
place d'un entraînement électrosystolique définitif.
expliquent vraisemblablement que le risque hémorragique
Tachycardies
per- et postopératoire est plus important qu'en présenced'aspirine seule. Ceci a été suggéré par une étude ayant
Dans certaines circonstances, la survenue d'une tachycardie
comparé rétrospectivement l'importance des hémorragies
chez un patient recevant un médicament doit faire évoquer un
postopératoires et des réinterventions chez des patients ayant
effet proarythmique (ou arythmogène) qui se définit comme
reçu aspirine ou ticlopidine et ayant bénéficié d'une revascu-
toute aggravation d'un trouble du rythme cardiaque préexistant
ou toute apparition d'un nouveau trouble du rythme Certains effets proarythmiques peuvent mettre en jeu le
Conduite à tenir
pronostic vital et sont particulièrement à redouter.
La survenue d'un accident hémorragique induit par un
Effets proarythmiques auriculaires
traitement anticoagulant peut imposer des mesures immédiates
Les antiarythmiques de classe Ia et Ic peuvent parfois accélé-
de compensation des pertes sanguines en cas de collapsus
rer la fréquence ventriculaire d'un flutter auriculaire ou d'une
cardiovasculaire. L'administration d'antidotes peut s'avérer
tachysystolie auriculaire conduisant à une tachycardie rapide et
parfois nécessaire en cas d'hémorragies graves : sulfate de
protamine pour neutraliser l'héparine ; vitamine K , facteurs de
Cet effet proarythmique trouve son explication dans deux
coagulation vitamine K-dépendants (prothrombine, proconver-
tine, facteur Stuart, facteur antihémophilique [PPSB]) ou plasma
• d'une part ces antiarythmiques, en ralentissant la fréquence
frais congelé en cas d'hémorragies dues aux AVK.
auriculaire de ces troubles du rythme supraventriculaires,peuvent laisser le temps au nœud auriculoventriculaire de
■ Urgences iatrogènes
sortir de sa période réfractaire, majorant ainsi la transmissiondes influx d'origine auriculaire vers les ventricules. Par
cardiovasculaires
exemple, une tachysystolie auriculaire à 250 battements/mintransmise en 2/1 aux ventricules (fréquence ventriculaire à
Urgences iatrogènes rythmologiques
125 battements/min) peut être ralentie à 200 battements/min et transmise alors en 1/1 aux ventricules (fréquence
Elles peuvent être évoquées devant des tableaux variés
• d'autre part, certains antiarythmiques (disopyramide, flécaï-
convulsif, arrêt circulatoire ou mort subite ressuscitée. L'examen
nide) ont un effet anticholinergique ou sympathomimétique
clinique, complété d'un enregistrement électrocardiographique,
qui peut à lui seul augmenter la perméabilité du nœud
permet d'opposer de façon schématique bradycardies et tachy-
auriculoventriculaire et ainsi majorer la conduction des influx
d'origine auriculaire vers les ventricules. Principales urgences iatrogènes médicamenteuses ¶ 25-030-H-10
Un deuxième effet proarythmique potentiellement grave peut
Tableau 2.
se rencontrer à l'étage supraventriculaire en cas de syndrome de
Médicaments pouvant entraîner une torsade de pointes.
Wolff-Parkinson-White compliqué de fibrillation auriculaire. Antiarythmiques de classe Ia, III et bépridil
Le syndrome de Wolff-Parkinson-White est lié à l'existence,
Psychotropes :
au niveau cardiaque, d'une voie accessoire à vitesse de conduc-
tion rapide court-circuitant le nœud auriculoventriculaire. Encas de fibrillation auriculaire, l'utilisation de digitaliques, de
phénothiazines : chlorpromazine, cyamémazine, lévomépromazine,
vérapamil ou de diltiazem, ralentit la conduction dans le nœud
auriculoventriculaire, orientant ainsi préférentiellement les
benzamides : amisulpride, sulpiride, sultopride, tiapride
influx auriculaires vers la voie accessoire. Les digitaliques, par
leurs effets électrophysiologiques directs, diminuent la période
réfractaire de la voie accessoire. Le vérapamil et le diltiazem,
- antidépresseurs : amitriptyline, maprotiline
notamment par voie injectable, peuvent entraîner une vasodi-
Anti-infectieux : érythromycine (i.v.), amphotéricine B, pentamidine,
latation périphérique à l'origine d'une réaction sympathique
réflexe responsable d'un raccourcissement de la période réfrac-
Antihistaminiques H : mizolastine
taire de la voie accessoire Ces actions conjuguées sur le
Divers : diphémanil, cisapride, vincamine (i.v.)
nœud auriculoventriculaire et sur la période réfractaire de lavoie accessoire vont avoir pour conséquence un passage massifdes influx d'origine auriculaire par la voie accessoire, exposantainsi à un risque de tachyarythmie extrêmement rapide et mal
des produits capables de prolonger l'intervalle QT. Des inhibi-
tolérée pouvant " dégénérer " en fibrillation ventriculaire.
teurs enzymatiques hépatiques en diminuant la biotransforma-tion de certains médicaments, peuvent dévoiler leur potentialité
Effets proarythmiques ventriculaires
" torsadogène " : c'est le cas des antifongiques azolés (kétocona-
Ils sont principalement représentés par la survenue d'une
zole, itraconazole, fluconazole, miconazole), de certaines
tachycardie ventriculaire, trouble du rythme ventriculaire grave
antiprotéases du virus de l'immunodéficience humaine (VIH)
qui peut parfois traduire un effet proarythmique ventriculaire.
Deux classes médicamenteuses sont principalement à l'origine
(érythromycine, josamycine, clarithromycine) en association
d'effets proarythmiques ventriculaires graves : les tonicardiaques
Les effets proarythmiques ventriculaires graves des tonicar-
Urgences hémodynamiques
diaques, en dehors du cas particulier de l'intoxication digitali-que, sont principalement rencontrés avec les bêtastimulants
Œdème aigu du poumon
(isoprénaline, dobutamine) et les inhibiteurs des phosphodies-
L'action inotrope négative des bêtabloqueurs, de certains
térases (amrinone, milrinone, énoximone).
antagonistes du calcium (vérapamil, diltiazem, bépridil) ou des
Tous les antiarythmiques, notamment les antiarythmiques de
antiarythmiques de classe I peut favoriser, en cas d'altération
classe I, peuvent conduire à des effets proarythmiques ventricu-
préexistante de la fonction ventriculaire gauche, une décom-
laires graves Une mention particulière mérite d'être faite
pensation cardiaque pouvant s'exprimer sous forme d'œdème
pour le sous-groupe Ic, particulièrement impliqué dans la
aigu du poumon (ou de décompensation cardiaque globale).
survenue de tachycardies ventriculaires. Un tel effet indésirable
L'atteinte myocardique, principalement occasionnée par certains
est principalement à craindre chez des patients porteurs d'un
anticancéreux (anthracyclines), peut également être en cause.
trouble du rythme ventriculaire associé à une cardiopathie
Cependant, devant un tableau d'œdème aigu du poumon, c'est
notamment ischémique, où un effet proarythmique ventricu-
avant tout un arrêt de la thérapeutique chez un insuffisant
laire grave peut apparaître rapidement après l'instauration du
cardiaque ou chez un hypertendu qu'il faut savoir rechercher
traitement (dans les heures ou jours qui suivent) ou lors d'une
En dehors des œdèmes aigus pulmonaires cardiogéniques, de
Torsades de pointes
rares cas d'œdèmes pulmonaires lésionnels sont décrits, pouvantconduire à un tableau de détresse respiratoire aiguë de l'adulte.
Le cas particulier des torsades de pointes représente un effet
Ces œdèmes lésionnels ont été décrits lors de l'utilisation
proarythmique ventriculaire classique pour lequel la responsa-
prolongée de bêta-2 stimulants à visée tocolytique, lors de
bilité de très nombreux médicaments, à la fois cardiotropes mais
chimiothérapies anticancéreuses (cytarabine, bléomycine,
aussi non cardiotropes, est bien établie. Ce trouble du rythme
mitomycine), lors de traitements par nitrofurantoïne, sels d'or,
ventriculaire particulier (avec rotation des ventriculogrammes
D-pénicillamine, mais aussi avec des médicaments aussi banals
autour de la ligne isoélectrique entraînant l'aspect de " tor-
que les salicylés ou les thiazidiques.
sade ") est habituellement spontanément résolutif mais récidi-
Enfin, les œdèmes pulmonaires compliquant une injection de
vant, et peut dans certains cas se transformer en fibrillation
produit de contraste iodé, préférentiellement vus avec les
ventriculaire mortelle En dehors des accès de torsades, le
produits à haute osmolalité, reconnaissent des mécanismes
diagnostic doit être suspecté quand une prolongation de
variés pouvant faire intervenir surcharge volémique, action
l'intervalle QT est retrouvée sur l'électrocardiogramme. De
inotrope négative de ces produits et modification de la perméa-
nombreux médicaments sont susceptibles d'augmenter l'inter-
valle QT, notamment les antiarythmiques de classe Ia et declasse III, auxquels viennent s'ajouter certains psychotropes,
États de choc
mais aussi d'autres classes médicamenteuses
Choc hypovolémique
Les facteurs favorisant la survenue des torsades de pointes
méritent d'être gardés en mémoire et sont souvent retrouvés
Un choc hypovolémique vrai est rencontré en cas de choc
associés aux médicaments responsables Ainsi, la présence
hémorragique iatrogène. Le choc anaphylactique, souvent
d'une bradycardie, d'une hypokaliémie ou d'une hypomagnésé-
d'origine médicamenteuse, est la conséquence d'une hypovolé-
mie, majore incontestablement le risque de survenue des
mie relative et est envisagé dans le cadre des urgences
torsades de pointes médicamenteuses. L'existence d'un syn-
drome du QT long congénital préexistant méconnu (car le plus
Choc cardiogénique
souvent dans sa forme fruste) représente également un facteurfavorisant bien validé. Certaines interactions médicamenteuses,
Il est essentiellement rencontré dans le cadre d'intoxications
à l'origine de torsades de pointes, méritent d'être soulignées.
médicamenteuses (antidépresseurs imipraminiques, méproba-
Ainsi, il est contre-indiqué ou déconseillé d'associer entre eux
mate, colchicine, antiarythmiques de classe I, bêtabloqueurs,
25-030-H-10 ¶ Principales urgences iatrogènes médicamenteuses
antagonistes du calcium, quinine et chloroquine). Cependant, il
Tableau 3.
faut garder en mémoire qu'un choc cardiogénique peut traduire
Principales causes iatrogènes à l'origine de poussées hypertensives.
dans certains cas un effet proarythmique grave.
1. Arrêt d'un traitement antihypertenseur
2. Médicaments ou substances hypertenseurs
Urgences tensionnelles
- Sympathomimétiques directs et indirects
Hypotension artérielle orthostatique
Il faut savoir systématiquement la rechercher devant toute
lipothymie ou syncope posturales. L'hypotension artérielleorthostatique est à l'origine de près de 15 % des lipothymies et
pertes de connaissance brèves survenant après 65 ans et
- Anti-inflammatoires non stéroïdiens et antihypertenseurs
reconnaît souvent une origine médicamenteuse Fré-
- Alcaloïdes de l'ergot de seigle et :
quemment asymptomatique, l'hypotension artérielle orthostati-
que peut prendre cliniquement le caractère d'une urgence
médicale en cas de " collapsus orthostatique " apparaissant, soit
immédiatement après la verticalisation, soit après un délai de
antidépresseurs imipraminiques noradrénergiques
quelque minutes. Si pratiquement tous les antihypertenseurspeuvent entraîner une hypotension artérielle orthostatique, les
antidépresseurs sérotoninergiques-noradrénergiques (venlafaxine,
produits principalement en cause sont les alphabloquants, les
diurétiques et les antihypertenseurs centraux. Les psychotropes
sont, par ordre de fréquence, la deuxième cause d'hypotension
artérielle orthostatique iatrogène, et les produits impliqués sont
les neuroleptiques, les antidépresseurs tricycliques, et même les
- IMAO non sélectifs, IMAO-A, IMAO-B et triptans
benzodiazépines. Enfin, il faut également savoir évoquer laresponsabilité des dérivés nitrés, des antiarythmiques, des
IMAO : inhibiteurs de la monoamine oxydase.
antiparkinsoniens agonistes dopaminergiques ou anticholiner-giques dans la survenue de cet effet indésirable
Tableau 4. Poussées hypertensives
Principaux médicaments responsables de chocs anaphylactiques.
Il convient d'opposer la poussée hypertensive qui ne
Antalgiques : floctafénine, métamizole (noramidopyrine)
s'accompagne d'aucun signe de souffrance viscérale à l'urgence
Anti-infectieux :
hypertensive, caractérisée par une souffrance viscérale grave,
cardiaque, rénale ou cérébrale Si l'urgence hypertensive
nécessite une prise en charge hospitalière immédiate destinée à
prévenir ou limiter les dommages viscéraux, la poussée hyper-
tensive, fréquemment asymptomatique, relève souvent d'une
Vitamines B
prise en charge non hospitalière. Ces situations cliniques,
notamment en cas de poussées hypertensives, doivent amener
Produits de remplissage vasculaire
à évoquer systématiquement une origine iatrogène. Deuxcirconstances peuvent être distinguées selon que le patient est
une injection médicamenteuse parentérale ou dans l'heure ou
ou non antérieurement hypertendu. Chez l'hypertendu traité
les heures qui suivent une administration orale du médicament.
efficacement, toute poussée hypertensive doit faire éliminer un
La notion d'une sensibilisation antérieure n'est pas toujours
arrêt intempestif du traitement antihypertenseur, ou l'introduc-
retrouvée. Le tableau clinique est celui d'une urgence hémody-
tion récente d'un médicament susceptible de diminuer l'effica-
namique où les signes de collapsus cardiovasculaire sont au
cité du traitement antihypertenseur (notamment la prise d'un
premier plan, s'associant très rapidement à des signes de choc
anti-inflammatoire non stéroïdien). Chez le sujet habituelle-
puis des troubles de conscience devant faire craindre l'appari-
ment normotendu, une poussée hypertensive peut être provo-
tion d'un arrêt cardiorespiratoire. S'associent de façon incons-
quée par certains médicaments ou certaines interactions
tante à ce tableau clinique des signes cutanés (urticaire géante,
médicamenteuses résumées dans le La prise en charge
prurit, éventuellement angiœdème) et des signes respiratoires à
des poussées hypertensives, qui vise à diminuer progressivement
type de bronchospasme, mais aussi parfois d'œdème laryngé
le niveau de pressionartérielle, peut donc relever dans certaines
(associé ou non à un angiœdème) exposant au risque
circonstances d'une reprise d'un traitement antihypertenseur, ou
au contraire de l'arrêt d'un médicament ou d'une association
En l'absence de traitement, le pronostic vital est engagé et le
médicamenteuse à risque hypertenseur.
décès peut intervenir dans un tableau d'arrêt cardiocirculatoireet/ou respiratoire. Les signes d'alarme pouvant précéder l'appa-
■ Urgences allergiques
rition du choc sont représentés par des troubles digestifs à typede vomissements, de douleurs abdominales, de diarrhées, par
Choc anaphylactique
des signes cutanés, notamment à type de prurit palmoplantaireaccompagné ou non d'urticaire, par des signes respiratoires à
Effet indésirable grave, susceptible de mettre en jeu le
type d'angoisse, d'oppression thoracique ou de gêne laryngée et
pronostic vital si une prise en charge rapide n'est pas assurée,
par des signes généraux à type de frissons.
le choc anaphylactique est fréquemment d'origine médicamen-
La prise en charge immédiate d'un choc anaphylactique est
teuse Le mécanisme physiopathologique du
représentée par l'injection par voie intraveineuse lente d'adré-
choc anaphylactique correspond à une réaction d'hypersensibi-
naline. Si la situation est moins sévère, l'administration peut
lité immédiate déclenchée, après immunisation, par une
être réalisée par voie intramusculaire. Ce traitement est com-
réexposition à un antigène précédemment bien toléré. L'hypo-
plété dans un second temps par la mise en place d'une voie
volémie relative du choc anaphylactique est liée à la production
d'abord veineuse permettant de débuter un remplissage par des
anormale et brutale d'immunoglobulines E spécifiques d'un
solutés macromoléculaires et par une oxygénothérapie instaurée
allergène médicamenteux, entraînant la libération de médiateurs
dès que possible. En fonction des circonstances, des corticoïdes
vasodilatateurs, vasoperméants et chimiotactiques, notamment
peuvent être associés, notamment en cas d'angiœdème et de la
théophylline en cas de bronchospasme. De façon un peu
Le délai de survenue par rapport à la prise médicamenteuse
artificielle, ont été distingués avec certains médicaments
est rapide, intervenant dans les secondes ou minutes qui suivent
(notamment les produits de contraste utilisés en radiologie) des
Principales urgences iatrogènes médicamenteuses ¶ 25-030-H-10
chocs " anaphylactoïdes " ne relevant probablement pas d'un
un blocage des récepteurs bêta-adrénergiques, compte tenu des
mécanisme immunologique mais dont la traduction clinique et
similitudes de formule de ce produit avec les bêtabloqueurs.
la prise en charge thérapeutique sont identiques. La gravité et
En ce qui concerne les anti-inflammatoires non stéroïdiens, et
la difficulté du traitement des chocs anaphylactiques survenant
bien qu'il soit décrit d'authentiques asthmes avec l'indométa-
chez des patients traités par bêtabloqueurs ont été soulignées à
cine et les dérivés pyrazolés, le cas particulier de l'aspirine
plusieurs reprises : l'utilisation du glucagon dans de telles
mérite d'être isolé. L'asthme avec intolérance à l'aspirine débute
circonstances peut être une mesure associée intéressante pour
généralement tardivement, à l'âge adulte et une prédominance
La forme typique associe une triade décrite par Fernand
Œdème de Quincke
Widal comprenant polypose nasale, asthme et intolérance àl'aspirine. La polypose nasale ouvre le plus souvent la scène
L'angiœdème se caractérise par un œdème aigu sous-cutané
clinique et débute par une rhinite vasomotrice perannuelle,
qui correspond à la forme profonde (hypodermique) de l'urti-
résistante aux traitements et se transformant en obstruction
caire. L'angiœdème reconnaît schématiquement la même
nasale permanente. Les manifestations asthmatiques sont plus
étiologie médicamenteuse que le choc anaphylactique (auquel il
tardives et ont une évolution souvent grave. L'intolérance à
peut être associé) et intéresse surtout les régions dotées d'un
l'aspirine va survenir de façon inopinée sur ce tableau clinique
tissu sous-cutané lâche ou les muqueuses. L'œdème est plus
et l'aspirine, jusqu'alors bien tolérée, va déclencher dans les
douloureux que prurigineux et, au niveau du visage, touche
minutes qui vont suivre sa prise un bronchospasme parfois
principalement les paupières ou les lèvres (œdème de Quincke).
grave s'intégrant dans certains cas dans un tableau clinique
L'épiderme sus-jacent est le plus souvent normal et il convient
d'asthme aigu grave. Les manifestations cutanées à type d'urti-
de rechercher systématiquement un œdème de la langue, du
caire ou d'angiœdème sont rarement associées et l'évolution du
voile ou de la glotte, qui traduit une atteinte muqueuse
tableau clinique, une fois la triade constituée, est souvent
associée. L'atteinte laryngée se traduit par une dyspnée inspira-
particulièrement grave, associée à de fréquentes complications
toire à type de bradypnée, une modification de la voix et, en
infectieuses liées à la porte d'entrée sinusienne. Les crises
cas d'asphyxie, mise en jeu des muscles respiratoires accessoires.
d'asthme peuvent par ailleurs s'accompagner de rhinorrhée, de
La gravité du tableau clinique peut conduire à la réalisation
d'une intubation, voire d'une trachéotomie, exceptionnellement
inflammatoires non stéroïdiens est souvent constatée, interdi-
réalisée d'emblée, et le plus souvent secondaire à l'absence de
sant ainsi la prise de ces produits. Le choix des antalgiques de
réponse au traitement médical associant adrénaline et corticoï-
substitution (paracétamol, dextropropoxyphène.) chez ce type
de patients doit être guidé par des tests de provocation permet-tant de s'assurer de la bonne tolérance de ces produits. Par
■ Urgences respiratoires
ailleurs, la polypectomie est inefficace (car la polypose estrécidivante de façon quasi constante) et peut même être
Un bronchospasme peut représenter une urgence respiratoire
dangereuse, car susceptible de faire apparaître les crises
et doit faire évoquer dans certaines circonstances une origine
d'asthme, ou l'intolérance à l'aspirine.
médicamenteuse. Un bronchospasme iatrogène peut s'intégrerdans un tableau de réaction anaphylactique et reconnaît alorsla même étiologie médicamenteuse que celle du choc
■ Urgences métaboliques
L'anaphylaxie est également vraisemblablement à l'origine de
iatrogènes
certains bronchospasmes déclenchés de façon exceptionnellepar
Elles se résument essentiellement, dans un contexte préhos-
N-acétylcystéine, certains antimitotiques (vincristine). Cepen-
pitalier, au problème des hypoglycémies iatrogènes. Si le
dant, d'autres médicaments peuvent déclencher de façon isolée
diagnostic de certitude de l'hypoglycémie repose sur le dosage
une crise d'asthme, les mécanismes impliqués étant alors soit
plasmatique de la glycémie, l'hypothèse clinique, vraisemblable
d'ordre pharmacodynamique (blocage des récepteurs bêta-
en raison des manifestations neuropsychiatriques et neurovégé-
adrénergiques pour les bêtabloqueurs ou médicaments parasym-
tatives évocatrices, peut être confortée dans un contexte
d'urgence par le dosage de la glycémie capillaire à l'aide d'une
production des médiateurs de la bronchomotricité (aspirine et
bandelette réactive Une origine médicamenteuse mérite
toujours d'être évoquée face à une hypoglycémie.
Les cas de bronchospasme déclenchés par des substances à
Deux contextes peuvent être distingués : celui du sujet non
activité parasympathomimétique restent rares et principalement
traité pour un diabète et celui du patient diabétique.
décrits avec la néostigmine, la triphosadénine (ou acide adéno-
• Dans le premier cas, le principal argument de présomption
sine triphosphate [ATP]) et l'adénosine. En revanche, le déclen-
est d'ordre chronologique. Divers médicaments ont pu être
chement d'un bronchospasme avec les bêtabloqueurs est un
incriminés : salicylés, paracétamol, dextropropoxyphène,
effet indésirable abondamment décrit intervenant essentielle-
quinine, chloroquine, disopyramide, quinidine, cibenzoline,
ment chez des sujets prédisposés (antécédents d'asthme ou
perhexiline, bêta-2 stimulants, pentamidine, inhibiteurs de la
bronchopneumopathie chronique obstructive). Le déclenche-
monoamine oxydase (IMAO), antidépresseurs tricycliques,
ment d'une crise d'asthme par les bêtabloqueurs ne se limite pas
certains antithyroïdiens de synthèse, octréotide et enfin, les
aux administrations par voie générale, mais peut également
dérivés sulfhydrylés utilisés dans le traitement de fond de la
intervenir lors de l'administration oculaire (par collyre) de ces
polyarthrite rhumatoïde (D-pénicillamine, pyritinol et
produits. Le bronchospasme survient le plus souvent rapide-
tiopronine) Il s'agit pour tous ces médicaments d'un
ment après l'instauration du traitement, parfois même dès la
effet indésirable imprévisible. Très particulière est l'hypogly-
première prise médicamenteuse et beaucoup d'auteurs insistent
cémie induite par un médicament antidiabétique (insuline ou
sur la difficulté fréquemment rencontrée du traitement de cet
antidiabétique oral) chez un sujet non diabétique : il peut
effet indésirable pouvant parfois s'intégrer dans un tableau
certes s'agir d'une hypoglycémie accidentelle liée à la prise
d'asthme aigu grave. Les bêtabloqueurs bêta-1 sélectifs et/ou
par inadvertance du traitement d'un patient diabétique par
avec activité sympathomimétique intrinsèque sont considérés
une personne de son entourage, mais le plus souvent il s'agit
comme moins susceptibles de produire ce type d'effet indésira-
d'une intoxication volontaire s'intégrant dans une pathologie
ble chez l'asthmatique. Cependant, cette bêta-1 sélectivité est
relative et donc susceptible de disparaître aux posologies élevées
expliquant que des bronchospasmes soient également possibles
• Le deuxième cadre de survenue d'une hypoglycémie iatrogène
avec ce type de produits. Les rares cas de bronchospasme décrits
est celui du patient diabétique Il faut alors évoquer un
avec la propafénone sont vraisemblablement également liés à
surdosage ou une erreur de posologie du traitement habituel,
25-030-H-10 ¶ Principales urgences iatrogènes médicamenteuses
mais aussi rechercher l'adjonction récente au schéma théra-
impliqués. La symptomatologie convulsivante survient
peutique d'un traitement pouvant potentialiser les médica-
habituellement dans les 24 ou 48 heures suivant l'arrêt du
ments antidiabétiques : phénylbutazone et autres pyrazolés,
médicament, parfois plus tardivement si la demi-vie d'éli-
salicylés à fortes doses, inhibiteurs de l'enzyme de conversion,
mination du produit est longue Pour les benzodiazépi-
nes, les produits à demi-vie d'élimination courte sont plus
AVK, miconazole, clofibrate, pour ne citer que les plus
souvent en cause. Les facteurs favorisants sont les mêmes
Sur le plan thérapeutique, lorsque le diagnostic est évoqué sur
des arguments cliniques ou anamnestiques, une injection de
Syndromes extrapyramidaux aigus
sérum glucosé 30 % doit être réalisée immédiatement, même enl'absence de confirmation biologique La régression des
Troubles moteurs aigus
symptômes après recharge glucidique constitue de fait unexcellent argument diagnostique. L'autre possibilité thérapeuti-
Si ces complications iatrogènes n'ont habituellement aucun
que en urgence est l'administration de glucagon par voie
caractère de gravité, leur aspect spectaculaire provoque souvent
l'affolement du patient et de son entourage, conduisant àconsulter en urgence Ces troubles moteurs regroupent
■ Urgences neuropsychiatriques
dyskinésies et dystonies, qui sont souvent intimement liées Ils affectent, de façon plus ou moins associée la sphère bucco-linguo-oculo-faciale (protraction linguale, trismus ou ouverture
Crises épileptiques et états de mal
irréductible de la bouche, crise oculogyre, blépharospasme), la
épileptiques
région cervicale (torticolis, rétrocolis), le tronc et les membres(opisthotonos, rotation du tronc, torsion de membres) Le
S'il est habituel de ne pas mettre en route de traitement
syndrome de Pise correspond à une rotation et une flexion de
spécifique devant une crise convulsive isolée, la répétition des
la tête, du cou et de la partie supérieure du tronc Les
crises, surtout sans reprise de conscience entre les crises,
neuroleptiques sont le plus souvent en cause dans la survenue
représentative d'un état de mal convulsif, doit amener à une
de ces complications motrices extrapyramidales. Les manifesta-
prise en charge thérapeutique rapide. En dehors des classiques
tions indésirables s'installent dans les 48 premières heures
mesures de réanimation, l'état de mal convulsif impose un
suivant l'instauration du traitement ou une augmentation
traitement anticonvulsivant par voie parentérale : benzodiazépi-
posologique. Les sujets jeunes et de sexe masculin sont les plus
nes en première intention, diphénylhydantoïne ou valproate de
touchés. Si tous les neuroleptiques peuvent être concernés, les
sodium en deuxième intention, barbituriques en troisième
neuroleptiques incisifs sont plus fréquemment en cause. En
dehors des neuroleptiques utilisés à visée psychiatrique, les
L'origine iatrogène des crises est relativement rare par rapport
neuroleptiques dits " cachés ", en particulier les antiémétiques
aux crises survenant dans le cadre d'une épilepsie primaire ou
(notamment le métoclopramide), sont également responsables
secondaire. Elle est cependant importante à reconnaître dans
de complications motrices extrapyramidales aiguës Le
une perspective pronostique, puisque ces crises n'ont pas lieu de
traitement des dyskinésies aiguës aux neuroleptiques repose sur
récidiver à l'arrêt du traitement en cause et ne nécessitent donc
l'administration parentérale d'anticholinergiques ou à défaut
pas un traitement antiépileptique chronique. Deux aspects des
d'une benzodiazépine en cas de contre-indication aux
crises convulsives iatrogènes doivent être distingués.
• Le premier est celui des crises convulsives provoquées
directement par la prise du médicament. Différents éléments
Syndrome malin des neuroleptiques
favorisent la survenue d'un tel effet indésirable : antécédentspersonnels ou familiaux d'épilepsie, épilepsie active, affection
Ce syndrome, assez rare, est néanmoins important à recon-
cérébrale intercurrente, prise d'alcool, association de plusieurs
naître en raison du pronostic vital qu'il engage. L'installation
médicaments proconvulsivants Les médicaments passant
d'un syndrome malin est rapidement progressive aboutissant à
facilement la barrière hématoencéphalique ou administrés par
une phase d'état associant une rigidité musculaire diffuse, une
voie intrathécale, les modifications rapides des taux plasma-
altération de l'état de conscience, des désordres neurovégétatifs
tiques sont également des facteurs favorisants Une liste
(hyperthermie, sueurs profuses, tachycardie, labilité tension-
des principaux médicaments directement épileptogènes est
nelle) Sur le plan biologique, l'élévation du taux des
enzymes musculaires est le fait le plus marquant. En l'absence
• L'autre aspect des crises et états de mal épileptiques est
de prise en charge, l'évolution peut être mortelle dans 20 à
celui des épilepsies survenant lors du sevrage de certains
30 % des cas si survient une pneumopathie ou une déshydra-
médicaments. Les benzodiazépines, les barbituriques, le
tation. Dans les autres cas, la guérison survient en 5 à 10 jours,
méprobamate et le baclofène sont tout particulièrement
le plus souvent sans séquelle En dehors des mesures deréanimation visant à corriger les désordres hydroélectrolytiqueset cardiorespiratoires, le dantrolène, les agonistes dopaminergi-
Tableau 5.
ques et les benzodiazépines peuvent avoir un effet bénéfique
Principaux médicaments responsables de crises d'épilepsie.
Les neuroleptiques incisifs de type butyrophénone et les
Psychotropes :
neuroleptiques à action prolongée sont le plus fréquemmentassociés à la survenue d'un syndrome malin La durée du
traitement ne semble pas représenter un facteur favorisant, un
syndrome malin pouvant apparaître après les premières prises
comme après un traitement prolongé. L'association de plusieurs
neuroleptiques, comme la prise concomitante de sels de
lithium, favorise le risque de survenue du syndrome malin. Le
Anesthésiques généraux
rôle de l'âge, du sexe ou de la pathologie psychiatrique sous-
Lidocaïne (i.v.)
jacente dans la survenue d'un syndrome malin est en revancheplus discuté Le risque de récidive est augmenté par une
Théophylline
remise en route trop précoce d'un traitement neuroleptique, en
Sevrage des barbituriques, benzodiazépines, méprobamate, baclofène
particulier incisif, par l'existence d'un trouble de l'humeur
Anti-infectieux : amphotéricine B, foscarnet, chloroquine, méfloquine,
bipolaire ou la prise d'un sel de lithium En dehors des
quinolones, bêtalactamines (fortes posologies), aminosides, antituber-
neuroleptiques, un sevrage brutal en lévodopa peut entraîner,
chez le malade parkinsonien, un syndrome clinique similaire à
Anticancéreux : vincristine
celui du syndrome malin des neuroleptiques
Principales urgences iatrogènes médicamenteuses ¶ 25-030-H-10 Tableau 6.
psychiatrique (attaque de panique, trouble de l'humeur, psy-
Principaux médicaments pouvant être à l'origine, utilisés seuls ou en
chose, névrose ou trouble du caractère). La plupart des états
association, d'un syndrome sérotoninergique.
d'agitation s'associant à un accès maniaque ou à un étatpsychotique sont d'origine endogène, et rares sont les cas où la
Antidépresseurs sérotoninergiques purs (citalopram, fluoxétine, flu-
responsabilité de dérivés amphétaminiques, d'antiparkinsoniens,
de médicaments contenant de l'éphédrine, des antidépresseurs,
Antidépresseurs mixtes (clomipramine, imipramine, amitriptyline)
des corticoïdes ou de l'isoniazide (pour ne citer que les produits
Antidépresseurs noradrénergiques-sérotoninergiques (milnacipran,
le plus fréquemment impliqués) puisse être retenue. En revan-
che, en face d'un état d'agitation confusionnel, il convient
IMAO* non sélectifs, A (toloxatone, moclobémide) et B (sélégiline)
d'évoquer systématiquement une origine médicamenteuse. À
Agonistes sérotoninergiques (triptans, buspirone, dérivés de l'ergot,.)
l'agitation s'associent dans ce cas une désorientation temporos-
Autres (lithium, cocaïne, ecstasy et dérivés, opiacés, ginseng, milleper-
patiale, une amnésie antérograde, une obnubilation, une
perplexité anxieuse et un délire onirique. Ce syndrome confu-sionnel peut être global ou dissocié avec prédominance des
IMAO : inhibiteurs de la monoamine oxydase.
troubles mnésiques ou oniriques. Les médicaments pouvantprovoquer un syndrome confusionnel sont nombreux. Les plus
Syndrome sérotoninergique
fréquemment en cause sont les psychotropes (barbituriques,benzodiazépines, antidépresseurs, neuroleptiques, lithium), les
Les médicaments modifiant la transmission sérotoninergique
médicaments antiparkinsoniens (lévodopa et agonistes dopami-
sont susceptibles de donner lieu à un syndrome sérotoninergi-
nergiques), les anticholinergiques, les anticonvulsivants, les
que, d'incidence mal connue et qui justifie l'arrêt immédiat du
digitaliques, la méthyldopa, les opiacés, les antihistaminiques
H , la théophylline, certains agents antifongiques (griséofulvine,
Ce syndrome se manifeste le plus souvent brutalement par
imidazolés), le baclofène et, en anesthésiologie, la kétamine
l'apparition, simultanée ou séquentielle, d'un ensemble de
Un cas particulier est représenté par les réactions dites
symptômes qui entraîne habituellement l'hospitalisation et peut
" paradoxales " après prise d'une benzodiazépine ou d'une
mettre en jeu le pronostic vital. Ces symptômes peuvent être
molécule apparentée (zolpidem, zopiclone). Ces troubles
comportementaux correspondent à une amnésie de fixation, à
• psychique : agitation, confusion, hypomimie, éventuellement
des phénomènes d'automatisme, à un comportement inhabi-
tuel, parfois d'euphorie, le plus souvent fait d'irritabilité, voire
• végétatifs : hypo- ou hypertension, tachycardie, frissons,
d'agressivité, à une désinhibition et une impulsivité anormale.
Bien que rares, ces troubles psychocomportementaux peuvent
• moteurs : myoclonies, tremblements, hyperréflexie, rigidité,
être dangereux pour le patient lui-même ou pour autrui.
Plusieurs facteurs favorisent ces réactions paradoxales : les
premières administrations ou les traitements discontinus, même
Si les médicaments qui modifient la transmission sérotoni-
si elles peuvent apparaître à n'importe quel moment du traite-
nergique peuvent, utilisés seuls, conduire, en
ment ; les molécules à demi-vie brève, bien que toutes les
particulier en cas de surdosage, à l'apparition d'un syndrome
molécules aient été impliquées ; l'association à une prise
sérotoninergique, celui-ci est favorisé par l'association de deux
d'alcool, les antécédents de troubles du comportement sous
médicaments augmentant la biodisponibilité de la sérotonine au
benzodiazépines ou d'ivresse pathologique, l'existence d'un
niveau du système nerveux central par deux mécanismes
trouble de personnalité avec risque impulsif
différents Le strict respect des doses préconisées constitueun facteur essentiel dans la prévention et l'apparition de cesyndrome.
■ Conclusion
La prise en charge est difficile car peu codifiée et elle reste
symptomatique. Dans les formes bénignes, la régression des
Dans le cadre d'une urgence, la reconnaissance d'une cause
symptômes se fait habituellement en 1 à 2 jours avec l'arrêt du
iatrogène n'apparaît pas initialement indispensable pour assurer
traitement. Dernièrement, plusieurs cas de syndromes sérotoni-
la prise en charge thérapeutique du patient. Néanmoins, savoir
nergiques ont été traités avec succès par chlorpromazine
précocement évoquer une cause médicamenteuse dans ces
(antagoniste dopaminergique) en association avec la cyprohep-
• c'est au domicile du patient qu'un constat précis des prises
Si le diagnostic différentiel avec le syndrome malin des
médicamenteuses peut être le plus facilement réalisé et une
neuroleptiques peut être difficile, certains arguments plaident en
chronologie précise des événements établie avec le patient
faveur de l'un ou l'autre de ces diagnostics. Une agitation, desmyoclonies, une hyperréflexie, une diarrhée, une incoordina-
tion motrice d'installation rapide sont en faveur d'un syndrome
• dans certains cas, l'arrêt immédiat du médicament (associé ou
sérotoninergique. La rigidité musculaire, la dysphagie, l'incon-
non à un traitement simple) peut suffire à assurer une
tinence, le mutisme, la bradykinésie, la leucocytose et les
évolution favorable, évitant ainsi l'hospitalisation et une
anomalies musculaires biologiques doivent faire évoquer un
récidive, parfois plus grave, en cas de réintroduction du
syndrome malin. Le mécanisme d'action dopaminergique ou
sérotoninergique du médicament suspecté est également un
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S. Gautier, Pharmacienne, assistante hospitalo-universitaire. R. Bordet, Maître de conférences des Universités, praticien hospitalier. J. Caron, Médecin, maître de conférences des Universités, praticien hospitalier. Centre régional de pharmacovigilance, Centre hospitalier universitaire de Lille, 1, place de Verdun, 59045 Lille cedex, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Gautier S., Bordet R., Caron J. Principales urgences iatrogènes médicamenteuses. EMC (Elsevier MassonSAS, Paris), Médecine d'urgence, 25-030-H-10, 2007. Disponibles sur www.emc-consulte.com
0342.555B Information Management in Organisations Information Systems Literature Assignment Subject Area: Group Decision Support Systems Prepared By: Gareth Tucker, 9502788 Submitted On: 17/9/1998 1.0 Introduction This essay examines the current state of information systems research and looks aheadtowards future research direction. The demand for research topics and methods
After Five Years, Director Malcolm Woolf Bids Farewell to MEAhttp://us2.campaign-archive1.com/?u=99d15dabd36222ae3312ac178&id. After Five Years, Director Malcolm Woolf Bids Farewell to MEA. It's hard to leave the best job youever had. Looking back at my lastfive years at MEA, I am proud of theremarkable progress we have made. Governor O'Malley deservestremendous credit for his vision of